Le Moulin de La Régie, édifié en 1720, est situé sur la petite route qui relie La Sauvetat du Dropt à Eymet. Il est privé. Son propriétaire, Bob, y vit à l’année dans l’une des maisons qui ne présente pas de risques d’inondations en hiver.
En raison de l’érosion naturelle dûe au fort courant de l’eau, un coin des fondations du moulin proprement dit s’était effondré. Un dommage impressionnant qui avait été rattrapé provisoirement par la pose d’un étai pour soutenir la terrasse.
Les réparations étaient indispensables, car si une partie du moulin s’était effondrée, cela aurait entraîné la rupture de la plus grande pelle.
Ce moulin est unique sur le Dropt. Toute la rivière passe par les pelles installées sur la chaussée de pierre (voir photo) alors que les autres moulins ont un déversoir en parallèle pour laisser passer l’eau même quand leurs pelles sont fermées. Au Moulin de La Régie, c’est donc le propriétaire qui contrôle le niveau de la rivière, en suivant cependant les conseils d’Epidrot. Comme il est à la confluence du Dropt et de l’Escourou, le niveau dépend surtout de l’eau venant du lac de l’Escourou.
Pour effectuer les réparations, il a fallu une vraie coordination : obtenir l’autorisation des autorités fluviales – 4 années de paperasseries administratives – et compter sur la générosité des agriculteurs du coin. Les pierres massives et le béton ne pouvaient atteindre les fondations qu’en construisant un batardeau de terre depuis le terrain du voisin côté Agnac. Pour cela, il a fallut attendre qu’il ait récolté sa culture pour que l’entreprise Ramos Rénovation passe par son champ avec de nombreux engins de terrassement. Sans cette autorisation, rien n’aurait été possible.
Au final, le résultat est à la hauteur des efforts. Les fondations sont renforcées, la structure est solide. Le moulin est prêt à affronter les années à venir.
Mais le travail n’est pas terminé car les murs de l’écluse ont besoin d’être restaurés. Il faudra aussi enlever les arbres plantés trop près par les anciens propriétaires parce que leurs racines abîment la structure. Ensuite, replacer et changer plusieurs pierres… Un chantier prévu pour l’automne prochain. Bob poursuie ses efforts pour préserver ce beau patrimoine local. Pour lui, pour ses enfants et les générations à venir.
Un peu d’histoire
En 1858, après de nombreux et très couteux travaux, la rivière du Dropt était enfin navigable d’Eymet jusqu’à Caudrot, là où elle rejoint la Garonne. Son objectif principal était d’acheminer le vin local pour l’exportation par mer vers l’Angleterre et les Pays-Bas mais aussi d’autres denrées comme les céréales, le chanvre, les eaux-de-vie, les huiles ou les pruneaux secs.
Le moulin de La Régie, doté d’une écluse, se trouvait sur la frontière départementale entre Dordogne et Lot-et-Garonne. À l’époque où le Dropt était navigable, La Régie était un point de péage. Près de l’écluse se trouvait une petite maison de pierre destinée à l’éclusier collecteur de l’impôt et une grange de belle taille (aujourd’hui habitation du propriétaire) permettait de stocker les produits retenus pour l’impôt.
Dans les années 1890, par manque d’entretien des canaux et des écluses, parce qu’une route latérale au Dropt reliant entre elles les villes de la vallée vient d’être achevée et parce qu’une voie ferrée Marmande-Bergerac avec une liaison Eymet-Bordeaux est en projet, les transports de marchandises sur le Dropt sont peu à peu abandonnés.
Le Dropt est redevenu aujourd’hui une rivière paisible où circulent seulement quelques barques de pêcheurs et des canoës kayaks. Et le Moulin de la Régie est un hâvre de paix pour Bob qui y habite et qui vous partage aujourd’hui les photos et les explications de cette restoration spectaculaire.